La
semaine précédente était particulière à plus d’un titre, puisque j’y figurais.
Cette semaine-ci aura tout aussi son importance pour moi, puisque si j’ai bien
compris le système, le gagnant de cette éliminatoire sera mon concurrent direct
au prochain tour. Alors qui sera l’heureux gagnant ? Mystère pour le
moment, passons donc aux commentaires.
Le projet Traumaless, de Philippe Mangion :
Il
y a de cela de (trop) nombreuses années, j’ai lu un mémoire d’un ami aujourd'hui psychologue. Ce mémoire avait une partie théorique, une partie
expérimentale et une partie conclusion tirée de l’expérimentation. Eh bien,
c’est exactement ce que j’ai retrouvé ici. Je n’ai pas eu l’impression de lire
une nouvelle mais un faux mémoire de psycho où j’ai retrouvé tous les termes
afférents à cette matière. Alors, je me suis dit que l’auteur (sans doute
étudiant en psychologie, voir psychologue) s’était fait plaisir, un peu à la
manière d’Asimov et sa thyotimoline, mais en terme de lecture, ça m’a
réellement ennuyé. Il m’a même fallu reprendre à plusieurs reprises la lecture
alors que d’habitude je lis une nouvelle en une fois. J’enfoncerai même un peu
le clou en me demandant finalement où se trouve l’aspect SF ? Oui, il y a
des dates futuristes, mais ça m’a paru pur artifice. A mon sens, rien dans la
technologie décrite, ni dans le propos, ne sonne SF, les références aux marques
actuelles d’ailleurs renforcent cette impression. Tout aurait très
bien pu se dérouler aujourd'hui.
Chasse à l’homme, de Yoann Bruni :
La
milice religieuse recherche un puissant renégat dont l’existence même est une
menace à la paix du royaume. Mais qui est le véritable méchant de
l’histoire ? C’est l’intéressante question que pose l’auteur.
Voilà
un récit médiéval-fantastique tout à fait haut en couleur et en pyrotechnies,
effets gores compris. Au fur et à mesure de l’histoire, on comprend que la
milice incarnant le bon droit et l’ordre tient plus de l’occupation cruelle et
tyrannique. C’est un peu manichéen comme approche mais cela sert le récit et l’on
vient à plaindre le « terrible » renégat qui tient plus d’un jeune
quasimodo que du grand guerrier. Sa fin brutale nous laisse d’ailleurs sur un
goût amer et on vient à le plaindre.
Dans
l’ensemble, j’ai été emporté par le récit et les combats sont très graphiques.
En revanche, j’ai parfois été perdu dans le nombre des protagonistes et surtout
dans l’inventaire des « trucs »-manciens dont je ne connais rien à
rien. En outre, le titre est un peu faible et peu vendeur à mon goût.
« Chasse à l’homme » reste en tout cas un bon récit plaisant à lire.
Celle qui éclaire nos pas, de
Pascal Bleval :
Hemma
reprend conscience sur un étrange monde peuplé d’hommes-ratons, les Manaaks.
Selon leur prophétesse, elle est celle qui éclaire leur pas, mais en quoi ça consiste
au juste ? On découvrira à la fin que le titre du récit est bien à prendre
au sens littéral. J’ai aimé cette idée et le mystère est bien entretenu
jusqu’au bout. J’ai aimé aussi les Manaaks qui m’ont un peu fait penser aux
gentils Ewoks (ça doit être parce qu’on n’arrête pas de parler de Star Wars en
ce moment). La fin est percutante et fonctionne.
Cependant,
j’avoue avoir été dérangé par pas mal de petits détails. Le concept selon
lequel un personnage qui se réveille on
ne sait où sans souvenirs est un processus littéraire qui permet en général une
bonne accroche dans l’histoire. On découvre le monde en même temps que le
personnage, l’auteur nous apportant les bonnes infos au bon moment afin de
ménager le suspense et l’intérêt du lecteur. Ici, j’avoue ne pas avoir ressenti
cette impression. J’ai plus eu la sensation que c’était plutôt un moyen de se
dispenser de décrire le monde, l’époque ou la situation géopolitique. J’ai
trouvé que l’auteur perdait parfois son temps sur des détails dont l’utilité
est contestable. Je vise ici surtout la scène du bain. La scène est en soit
agréable à lire, mais en même temps n’apporte pas grand chose à l’histoire.
J’aurais aimé plutôt en savoir d’avantage plus sur les souvenirs de l’héroïne
et surtout qu’on me décrive le lieu et le temps où elle a atterrit.
Quelques autres remarques également :
-
Globalement, le vocabulaire d’Hemma est trop en décalage avec l’histoire. La
voir penser au « marketing » détonne réellement. Ce terme est
contemporain et beaucoup trop « terrestre ». Or, comme on ne connaît
ni lieu (La terre ? une autre planète ?) ni l’époque (futur ?
aujourd’hui ?), ça ne fonctionne pas. Et ce n’est pas l’évocation d’un
mystérieux empire humain dont le nom n’évoque rien qui nous y aidera.
-
Un peu comme le vocabulaire d’Hemma, le style hésite entre le sérieux et un
certain relâchement, comme si l’auteur ne savait pas s’il était dans un drame
ou une comédie. J’aurais aimé plus de constance dans le ton.
-
Le changement de caractère d’Hemma pendant la cérémonie est trop tranché et n’a
pas de véritables explications.
-
Problème de point de vue de la narration : tout se passe sous l’angle
d’Hemma, puis dans le dernier quart du récit, on bascule sur deux points de vue
différents.
En
conclusion, le récit repose sur une idée originale mais qui est minée selon moi
par de nombreuses incohérences et un manque de constance du style. .
Le dernier des conquérants,
de Nathalie Haras :
Je
suis sincèrement très partagé sur cette nouvelle. J’ai trouvé l’accroche super
efficace. J’ai vraiment adoré le début. Style limpide, décor digne des bonnes
tavernes de jeux de rôle, personnage du conquérant Jen Vyr haut en couleur,
c’est un démarrage vraiment top. On s’attend à écouter l’histoire d’une quête
formidable digne de Bilbo le Hobbit. Puis vient le personnage de Herb Callum
qui, je ne sais pas pourquoi, m’a fait pensé à Obelix et Jen Vyr est aussitôt
mis de côté. Je me suis dit, dommage, mais pourquoi pas, il doit y avoir une
bonne raison. Puis lorsque les « petits » sont arrivés dans le récit,
j’ai commencé à tiquer. Cette fois, je voyais les Minions dans la base de Gru.
Lorsque Herb est rentré dans la fabrique, je me suis dit, ah vu qu’il est
différent des habitants du village, si ça se trouve, c’est un conquérant issu
d’une autre contrée qui était là sous couverture, qui va voler les trésors et
renter ensuite chez lui. Et cette idée m’aurait bien convenu. Sauf que quand
j’ai compris que Herb était en fait le Père noël (environ au trois quart du
récit), là j’ai complètement décroché. Alors, certes, c’est amené de façon
originale et le twist est astucieux, mais c'est un peu dommage.
Voilà
ce que je pouvais dire sur les nouvelles en compétition cette semaine. Qui sera
la grande gagnante et donc me sera opposée ? Au moment où j’écris "celle qui éclaire nos pas" fait
la course en tête, mais le vote du jury va peut-être bousculer les choses.
Suspense…
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