samedi 11 octobre 2014

Transition sur la lumière (fin?)

"Transition" va revenir dans le tournoi en 8ème de finale du tournoi des nouvellistes, il s'agit donc ici d'une fin provisoire :)
Alors que vais-je ajouter cette fois ? Eh bien, comme je l'avais écris dans le premier topic concernant ma nouvelle, j'attendais la fin de la semaine de tournoi pour vous livrer la version longue originale. C'est à présent chose faite. Vous découvrirez notamment des scènes inédites concernant un personnage coupé dans la version diffusée pour le tournoi des nouvellistes. A noter que les noms des personnages et des lieux sont légèrement différents dans cette version. Bonne lecture.



Transition sur la lumière

version originale






La nuit va tomber sur l'hémisphère sud de Kelonh. Les deux lunes brillent déjà dans le ciel et la nature se pare de ses habits nocturnes. Dans peu de temps vont s'allumer les feux de Tsiklan, la cité qui règne dans cette parcelle territoriale. Les hautes tours blanches brilleront alors tel un flambeau dans la nuit. C'est une cité vaste et noble qui s'étend au creux d'une large vallée. De grands esprits ont autrefois présidés à son édification et, aujourd'hui elle figure parmi les cinq plus riches villes de la planète. Une fierté pour ces citoyens.

Lorsque les ténèbres obscurcissent enfin l'horizon, et que par la baie vitrée on ne plus apercevoir les grands jardins qui bordent l'entrée de la Tour Principale, Jessika Fengor soupire d'aise intérieurement. La réunion du conseil se doit en effet de s'achever à ce moment précis. C'est la loi séculière qui l'édicte.

Ainsi, l'ordre du jour est dit épuisé et les membres du conseil se lève. De la magnifique salle de réunion n'émerge que des femmes. Celles-ci, au nombre de trente, portent toutes la longue tunique dorée officielle. C'est le signe du culte de Sêiléna, la déesse lumière, qu'elles arborent fièrement  dans les couloirs aseptisés de la massive Tour Principale. Leur position est la plus haute dans la religion de Kelonh : selon le Dogme, c'est à Tsiklan qu'est apparue Sêiléna.

Jessika est la plus jeune femme de cet organe religieux appelé conseil féminin. Elle n'y est qu'auditrice. Pourtant, l'honneur de cette fonction prestigieuse parait déjà sur elle. Ce soir, elle ne se rendra pas au service religieux comme l'exige cependant la loi séculière. C'est l'anniversaire de son mari qui lui a permit d'obtenir une dérogation spéciale. Aussi, tout en gardant une attitude que lui dicte son rang, elle hâte le pas. Mais au fur et à mesure de sa descente, elle se prend à courir.

En sortant de la Tour Principale, elle s'empresse tellement de gagner son véhicule qu'elle en oublie de se prosterner face à la haute statue de marbre qui représente Béthanie, la première prêtresse du dogme féminin. Par chance, les autres conseillères ne l'ont pas vue. Sa carrière aurait pu en être brisée. Aussi, alors qu'elle se trouve aux commandes de son véhicule, elle n'a plus dans la tête que la préparation de la surprise qu'elle compte faire à son mari. Rapidement, elle laisse les hautes et vénérables bâtisses gouvernementales derrière elle, pour s'enfoncer vers les secteurs d'habitations.

***

La lumière s'étire au loin vers l'infini. Le temps s'efface et s'annule autour de sa réalité. Une bulle explose dans un fracas assourdissant. Il a l'habitude, cela ne le trouble pas. Il est homme, il est femme; cela dépend de son humeur. Aujourd'hui, c'est un homme. Mais demain tout peut changer.

D'où vient-il ? Il ne sait pas lui-même et il s'en moque. Ses origines se perdent dans la nuit des temps, mais qui s'en soucie ? Pas lui en tout cas.
Il est inconnu de tous, et pourtant si proche. A l'affût. Il traque, c'est sa raison de vivre. Il se fond si bien dans la masse, que personne ne l'aperçoit jamais. Il ne rate jamais sa proie. Et même s'il lui faut la traquer pendant un millier d'années, il la poursuivra jusqu'au moment propice, jusqu'à ce moment où il sentira la vie de sa victime s'évanouir dans le néant. Alors, il capturera son essence hurlera son triomphe. 

A-t-il un nom ? Des centaines, des milliers; aucun qui ne lui appartienne vraiment. Il aime se désigner par la simple appellation de "traqueur". La banalité de ce terme lui plaît, elle cache si bien ce qu'il est vraiment...

La bulle s'est volatilisée maintenant. La lumière n'est plus la même. Chaque réalité à ses couleurs, ses odeurs et ce soupçon d'on ne sait quoi qui fait sa spécificité. Chaque réalité est unique. Le traqueur a tant voyagé d'une dimension à une autre que plus rien ne l'étonne. Pour lui, une même planète peut revêtir une infinité d'aspect différent.

Il regarde les alentours. La planète se nomme Kélonh dans cette dimension; dans une autre, elle s'appelait Talora, et dans une autre encore Mandory. Une infinité de nom pour une infinité de dimension. Cela ne le trouble pas. Grâce à un talent inné, il sait où il se trouve et quand, il se trouve. Il n'a pas de pouvoirs cependant; il sait, c'est tout.

Le temps est plutôt brumeux aujourd'hui. Cela correspond bien à la saison de la quatrième décade du sixième cycle. Il regarde autour de lui. Depuis qu'il est sorti de la bulle, il est devenu visible aux yeux des gens de cette réalité. Aucune importance : ils ne voient que ce qu'ils veulent bien voir. Le traqueur n'a pas à ce faire de souci pour ça.

L'année standard est 10348, mais Kélonh, elle, est parvenu en l'an 3659 de son ère. Elle appartient à l'empire d'Axphilia depuis mille ans. Il sourit, dans une autre réalité, elle combattait l'empire depuis cinq cents ans pour avoir sa liberté. Mais ici, l'empire n'est pas tyrannique, alors ce combat n'a pas lieu d'être.

Il avance dans un jardin magnifique bordé par des hautes et majestueuses bâtisses. Le temps ne semble pas s'écouler dans ce havre de paix. Tout est calme. Trop calme. Le traqueur ne sait pas pourquoi il se trouve ici. Il ne contrôle pas la bulle, il est soumit à ses caprices. A chaque essence collectée, elle apparaît de nulle part, et elle l'emmène ailleurs, à une autre époque, sur une autre planète. Ce jeu dure depuis toujours. Mais le traqueur l'aime trop pour vouloir l'arrêter.

Il y a pourtant quelque chose d'étrange ici.

Pour la première fois, il ne comprend pas. Ce lieu ne ressemble pas aux endroits qu'affectionnent la bulle. Pas de guerres, pas d'agitation. Aucune friction entre peuple, entre races, entre tribu. La paix. Il ne comprend pas. A chaque arrivée dans une dimension, sa proie se dessine dans son esprit. Il la voit et il la connaît aussitôt. Aucune proie ne s'affiche cette fois.

Comment pourra-t-il sortir de cette réalité, s'il n'y a pas de proie. C'est impossible, il y a toujours une proie à chasser, toujours une essence à collecter. C'est sa seule raison de vivre. Une nouvelle réalité, une nouvelle proie. Il en a toujours été ainsi.
La bulle s'est trompée, c'est la seule explication. Il ignore cependant comment la rappeler pour s'enfuir de cette réalité sans intérêt. La sensation d'abandon l'envahit. Une chose qui lui a toujours semblé inconcevable se produit. Il ne peut s'agir d'une erreur. Il se raisonne; Pas d'avantage il ne veut croire à la fin de son aventure avec sa compagne silencieuse. Il y a une autre explication. Il le sait et il entend bien la découvrir.

Alors, il étudie sa situation et cherche à mettre de l'ordre dans ses idées : la proie existe, la chasse a bien commencée mais cette fois-ci, le défi est plus grand; c'est tout. C'est à lui de trouver la bonne proie qui fera réapparaître la bulle. Ce défi lui plaît, même s'il ne comprend pas les fantaisies de la bulle, il l'accepte.

Les ténèbres se rassemblent dans son esprit, il n'aime pas être prisonnier du temps et de l'espace. Il jette un nouveau regard sur l'horizon : toujours aussi paisible. Quel ennui ! Pourquoi la bulle a-t-elle choisie un endroit pareil pour le mettre au défi ?

Le temps n'est plus aux questions, il doit agir s'il ne veut pas sombrer dans la folie. Il trouvera cette proie qui le délivrera de cette réalité. Mais où et comment ? Tuer tout ce qui bouge paraît fastidieux et lassant pour un chasseur de son espèce. Alors, quoi faire pour éviter d'atteindre le  désespoir ultime où, de rage, il éveillera son instinct bestial ?

Il n'est pas une bête. Il doit comprendre, pénétrer à l'intérieur de la logique de la bulle. Il y a une proie dans cette dimension; elle est simplement bien cachée. La partie de chasse doit commencer, il n'a que trop tardé. Il faut regagner la civilisation, l'étudier pour voir son point faible. Le terrain se limitera à cette planète, c'est un principe qu'a toujours respecté sa capricieuse compagne d'énergie, alors, s'il veut que les choses reprennent leur cours, il doit se lancer à l'aventure.

Et le traqueur avance, se mêle à son nouvel univers. Il observe cette civilisation  avec attention et étudie sa situation dans l'empire axphilien. Il découvre une planète perdue dans un univers qu'elle ne comprend pas, une planète qui se sent étrangère à cet empire et qui au fond d'elle-même aspire à l'isolationnisme. En quelques heures, il en sait suffisamment pour être l'un d'eux. Dans cette dimension, Kélonh est une puissante gynécocratie; pour une marche de manoeuvre totale, il se fera donc femme. Puis, il  prendra le visage et l'identité d'une victime choisie pour sa position sociale. Il assimilera tout de sa vie en une fraction de secondes et il deviendra elle.

***

Harnod  Fengor a eu trente-trois ans hier. Avec sa petite famille, ils ont fait une fête. Jessika était rentrée plus tôt du conseil et avait été cherchée la petite de huit ans à l'école. Et lui, quand il était rentré de son travail, il avait eu la surprise. Ce qu'il avait pu être heureux à ce moment ! Une nuit d'amour s'est pourtant passée, mais il est retombé dix heures plus tard. Il s'était promis de ne jamais recommencer, mais encore tout étourdi du parfum envoûtant de sa femme, il était retourné le lendemain vers Enia, l'autre.

Qu'est-ce qui lui a pris ? Pourquoi a-t-il trahi à nouveau la confiance de sa femme ? Il reste incapable de le dire. La douleur palpite dans  tout son être; la plaie saigne encore. Il se traite de tous les noms, mais cela ne permet pas de l'amender de sa faute. L'amertume le gagne, il se sent misérable et veut en finir avec lui-même. L'adultère est passible de mort de nos jours, il le sait bien mais il ne tremble pas. Il veut même se dénoncer à la justice pour que l'amertume se termine enfin.

L'eau crépite à plusieurs mètres de lui. Enia, savourant la caresse de la douce ondée, est aussi consciente des dangers que court son amant. Pour elle, c'est différent, juste une amende. Elle s'en moque, seul le plaisir procuré compte. Elle entend une porte claquer : Harnod a déjà fui pour rejoindre sa famille. Il ne reviendra plus, le poids de la culpabilité est trop fort en ce monde. Qu'importe, elle en trouvera un autre.

Combien d'heures a-t-il marché dans les grandes rues de la capitale ? Il s'en moque. Le temps a perdu toute espèce d'importance pour lui. N'a-t-il pas une famille à s'occuper, une fille à aller chercher à l'école ? Il se sent encore incapable d'affronter leur regard. Il ne retournera que lorsqu'il aura trouvé des mensonges crédibles à leur raconter. Pour l'instant, il erre sans se préoccuper de rien. Il doit oublier sa faute. Après, il reviendra. Le hasard des rues le ramène vers le quartier où il avait coutume de se rendre lorsqu'il était encore célibataire. Certains invoqueront la marque fatale du destin, d'autres verront l'influence de l'inconscient dans ce brusque retour aux sources.

Les vieux instincts se réveillent, il continue sa route. Le gouvernement féminin est stricte sur la moralité de ses citoyens, mais il ferme les yeux sur quelques quartiers, comme conscient que l'homme qu'il ne peut comprendre, doit parfois se retrancher dans un endroit peu recommandable pour survivre à la pression de la vie. Sur plusieurs petites rues s'étendent donc tripots et bars louches à foison. Evidemment, dans ces boîtes, les strip-teaseuses sont des clones sans esprit, modelés sur les fantasmes primitifs de l'homme; aucune femme sur Kelonh ne pourrait accepter de se dégrader à ce point.
 
Un signal a retentit lorsqu'il a pénétré dans le bar. Sur l'instant, il n'a pas réalisé ce qui c'est passé, mais, maintenant que deux colosses sont venus lui barrer la route, tout s'éclaircit brusquement dans son esprit. Ce lieu est interdit aux hommes mariés. C'est la puce microscopique, implantée en lui au soir du mariage qui a déclenché le signal.

Elle a également envoyé ce signal au commissariat le plus proche, et s'il insiste, il se retrouvera derrière les barreaux. Harnod n'est plus à un crime près, mais il veut éviter l'humiliation qui retombera automatiquement sur sa femme. Il n'a désormais plus qu'une seule solution : il doit rentrer chez lui. Il doit retrouver son univers quotidien.

***

Le sang coule sur le sol marbré d'une large avenue. Il fait presque nuit, personne n'a assisté au massacre qui vient d'avoir lieu. Tapi dans l'obscurité, le traqueur regarde le corps tremblant de sa victime. La jeune femme est encore vivante, mais son regard est presque déjà plongé dans les abîmes de la mort. Alors qu'il contemple un instant ce visage magnifique qui va bientôt se figer, une émotion qu'il pensait ne pas être capable de ressentir vient assaillir son être intérieur. Une tristesse profonde. En cet instant, il regrette presque son geste. Quelque chose en lui semble s'être brisé. Pourquoi avoir choisie cette femme en particulier parmi les autres femmes de sa classe sociale ? Aucune logique n'a guidé son geste. L'instinct, cet infaillible instinct à été son seul maître. Comme toujours. Pourquoi donc ce regret qui l'empoisonne à présent ? Tant de questions encombrent sa conscience. 
Il balaye de son esprit ces pensées contraires à sa nature. C'est un chasseur : il ne connaît pas la pitié, et encore moins le remords. Il doit poursuivre la chasse. Alors, fermant les yeux, il sent son corps se transformer et prendre les formes de la femme qu'il vient de tuer. Il pense à tout ce qu'il sait d'elle. Il se prépare mentalement à devenir elle, à se comporter et à vivre comme elle.

Un souffle rauque déchire le silence de la nuit printanière : Elle va succomber à ses atroces souffrances. Plus que quelques secondes maintenant avant l'issue finale. Ce moment est rituel, presque sacré pour le traqueur. Lorsque sa victime meurt, lui se modèle définitivement à son image. C'est une résurrection en quelque sorte, une transmission de vie. Même après tous ses centaines d'années de chasse, il ne sait pas comment savourer cet instant à sa juste valeur. Il étend les bras vers le néant, comme pour accueillir cette vie qu'il va revêtir. Bientôt.

Un vent puissant se lève. Un éclair de lumière s'abat derrière lui dans un tonnerre fracassant.  Le traqueur ouvre alors les yeux et se retourne vers sa victime. Mais une désagréable surprise l'attend : elle a disparu. Elle s'est volatilisée. Comment un tel phénomène a-t-il pu se produire, alors que pas un seul nuage n'occupe le ciel ? A nouveau le doute l'envahit. Trop d'événements inhabituels se produisent depuis qu'il se trouve dans cette réalité. Rien ne correspond aux règles qui ont toujours régie sa chasse. Est-ce là un nouveau caprice de la sphère ? Est-ce elle qui vient d'emporter la femme dont il vient de voler les traits ?

Le désordre commence à régner dans son esprit. Il se demande si la folie ne prend pas petit à petit part sur lui. Le jeu le lasse à présent et la colère monte en lui. Jamais il n'a été à ce point le jouet de la bulle d'énergie. Jamais. Et, il refuse que cela continue ainsi. Alors, paré de cette nouvelle apparence, il part s'enfoncer dans la nuit. Il ne peut plus contenir sa colère, cette fureur qui secoue ses entrailles. Quelqu'un doit payer le prix de sa rage... 
 
***

Il n' y a personne pour accueillir Harnod lorsqu'il regagne cette belle maison acquise grâce à la haute fonction de sa femme. Jessika n'est pas encore rentrée malgré l'heure tardive. Heureusement, elle a pensé à avertir l'école de son subit empêchement et la petite dormira là-bas. Harnod l'apprend à son plus grand soulagement en consultant le mémo de l'holovision. C'est une circonstance prévisible lorsqu'on est marié à un membre de l'honorable conseil féminin. Il sera donc seul pour une partie de la nuit. Cela lui donnera le temps de se composer un nouveau visage d'homme fidèle.

Aussi, après avoir dégusté le repas synthétique tout juste créé par le duplicateur alimentaire, Harnod s'installe devant l'holovision. Les programmes vont et viennent au gré de son intérêt jusqu'à se stabiliser sur le média d'information. Une journaliste présente les nouvelles du jour sans grande émotion, puis se focalise sur un point essentiel, dramatique et grave. Une vague d'assassinats inexpliqués a secoué la capitale en début de soirée. Dix-huit personnes, hommes et femmes ont ainsi trouvé la mort. Harnod frémit, comment sur cette planète paisible peut-il se trouver encore quelqu'un capable d'une telle horreur ? Un sentiment d'effroi  l'envahit.
    
Il écoute alors attentivement le reste, les hypothèses de la police et la dérive paranoïaque des journalistes. Kelonh étant fermée aux émigrants des autres planètes de l'empire, le meurtrier ne peut qu'appartenir à un groupuscule local. La planète s'était toujours cru à l'abri du vice et du crime en tenant ses distances vis-à-vis des autres systèmes, allant jusqu'à limiter les permis de sortie à ses ressortissants pour qu'ils ne soient pas contaminés par l'immoralité axphilienne. Aujourd'hui, la journaliste constate que ces efforts ont peut-être été vains.

Harnod tremble de nouveau, Jessika ne rentre toujours pas. Les deux lunes brillent dans les ténèbres depuis cinq heures maintenant, et elle n'est pas encore là. Et, entendant, la police déclarer à la journaliste qu'il n'y a pas lieu d'appeler les forces axphiliennes à la rescousse, Harnod pense à sa femme et au danger qu'elle court si elle s'aventure dans la nuit. Mais écrasé par la fatigue, il s'endort. Trop d'émotions pour aujourd'hui.

Des formes. Des schémas complexes. Une lumière violente.

Ce n'est pas un rêve, pourtant Harnod sent son corps figé par la pesanteur du sommeil. Il est conscient, absorbé dans la contemplation de quelque chose qu'il ne peut comprendre. Il essaie de s'arracher de ce cauchemar si réel et de se convaincre qu'il dort et qu'il rêve, mais cela lui semble impossible. Un objet étrange, de forme ovoïde se détaille devant sa conscience. Mais il refuse de se laisser prendre par cette hallucination, et combat pour replonger dans l'inconscience. Ses efforts sont fructueux, il se rendort.

***

Jessika le regarde sans un mot. Elle vient à peine de rentrer et elle est épuisée. Son mari est allongé sur le divan du salon tout habillé. Sur Kelonh, c'est d'une incorrection totale, mais elle ne semble pas s'en préoccuper. Elle se déshabille, dévoile un corps magnifique au clair de lune qui traverse la fenêtre de sa chambre et, mettant une paire de gants anti-gravité, elle va chercher son mari pour le déposer sur le lit, puis le déshabille. S'allongeant, elle va essayer de s'endormir à ses côtés. Le regardant, elle devine tout de l'après-midi de celui-ci et de son escapade vers les quartiers louches. Elle ne s'en trouble même pas. A son réveil, pour ne pas attirer son attention, elle sera une épouse modèle. Elle a trop besoin de lui pour commettre une erreur.

Il se réveille après quelques heures d'un sommeil lourd. Il a mal à la tête, mais ne s'en préoccupe pas. Sa femme est contre son flanc, nue; ce n'est pas son habitude. Cette image lui plaît, cela ressuscite en lui le temps de leurs premières amours, il y a quinze ans.

Elle est réveillée. Sans émotions, elle le regarde. Il ne doit rien comprendre; elle doit se confondre avec l'ensemble jusqu'au jour de la libération. Alors, elle le laisse s'approcher et l'enlace en souriant. Harnod a oublié Enia pour de bon. Il aime trop sa femme et entend la garder. Il va tout oublier dans ses bras et redevenir le mari idéal.

Une sphère. Des schémas. Une énergie intense

C'est un flash qui  a transpercé son esprit. La douleur est intense. Il ne peut la chasser. Jetant un cri, il ne s'est pas rendu compte qu'il s'est presque écroulé sur le corps de sa femme. Il roule sur le côté. Les images défilent dans sa tête avec une rapidité affolante. Il se débat, nu sur son lit, contre des fantômes qui semble ne  hanter que lui.

Jessika est abasourdie. Elle semble comprendre quelque chose, mais reste silencieuse. Elle a sentit une aura qu'elle a cru reconnaître l'espace d'un instant. Mais, cette impression ne lui déclenche aucun souvenir et s'évanouit aussitôt. Est-ce possible que... ? Non, c'est impossible. elle chasse l'idée de son esprit et essaie de le calmer.

***

Eldrik est l'ami d'enfance d'Harnod. Depuis une heure ce matin, il écoute ce récit qu'il ne cesse de répéter et fait semblant de croire à ce qu'il entend. Intérieurement, il se promet de ne plus venir aussi rapidement quand on l'appelle si tôt. Surtout pour entendre de tels délires.

Harnod, les cheveux coiffés à la hâte, s'adresse alors à son ami de toujours avec un air désespéré. Il dit avoir été incapable de fermer l'oeil de la nuit. Des images, toujours les mêmes, l'en  empêchent.

Eldrik hausse les épaules. Voilà bien beaucoup d'histoires pour un mauvais rêve. Pourtant, en souvenir de ces longues années d'amitié, il s'efforce de prendre un ton rassurant et compréhensif. Il lui conseille de ne pas aller travailler aujourd'hui pour prendre un peu de repos. Pourquoi pas même un jour ou deux.

Harnod s'agite avec frénésie et tend sous les yeux de son ami les feuilles où il a dessiné ses visions. Un rêve peut-il être aussi précis ? quelqu'un de novice en technologie peut-il penser ainsi à des systèmes si évolué ?

Ce qu'il imaginait être l'expression désordonnée d'une imagination troublée par l'énervement surprend profondément Eldrik. Les schémas sont clairs, organisés et semblent former un ensemble cohérent. Exaninant à nouveau les dessins, il se trouve presque fasciné. Technicien à ses temps de loisirs, il donnerait cher pour en être l'auteur. A demi convaincu, il regarde un instant son ami. Le problème d'Harnod l'intrigue autant qu'il l'effraie. Il croit distinguer dans son regard fatigué cet éclat de folie inquiétant qui éveille lui une impression de malaise. Un sentiment de terreur le saisit sans qu'il n'en comprenne vraiment la raison. Il s'interroge brusquement sur la santé mentale d'Harnod. L'envie de s'enfuir de cet endroit le gagne aussitôt. Il résiste un moment encore à cette idée. Il la trouve même stupide. Cela sera de courte durée.

Précipitamment, il se lève et balbutie une parole réconfortante. Il lui propose de prendre rendez-vous avec un psychologue. Peut-être même doit-il prendre plusieurs jours d'arrêt et partir en vacances. D'un pas faussement tranquille il se dirige vers la porte.

Harnod veut le retenir, mais il comprend son ami. Et ce n'est pas sans tristesse qu'il le regarde sortir, l'abandonnant à ses démons intérieurs. En lui-même, Il comprend que personne ne pourra l'aider dans sa lutte contre ses étranges visions. On le prendrait pour un fou, un être déséquilibré. Personne ne pourrait le croire sans prendre peur de lui. Il regrette alors d'en avoir parlé et se jure de ne plus recommencer. C'est un combat qu'il doit entreprendre seul.

Soudain, une douleur déchire son esprit. Les visions reprennent. Bien qu'il ne dorme pas, les images de son tourment viennent à nouveau l'agresser. La souffrance est plus forte que jamais. Harnod essaie de ne pas céder à la panique. Mais cette fois, aucun de ses efforts ne portent leur fruit. Pire : ses membres semblent s'animer comme doués de leur propre vie, refusant d'obéir à son contrôle. Une crise permanente va alors s'emparer de son corps. Une idée s'impose à ses pensées. bientôt l'idée se fait voix : s'il veut que le cauchemar cesse, il doit obéir à ses visions.

***

Harnod ne connaît rien à la technologie. Il est vendeur de métier et n'a pas d'autres cultures que celles assénées par les programmes de l'holovision. Pourtant, il veut faire cesser ces visions obsédantes et pouvoir dormir en paix. Jessika a disparu avec la petite depuis trois jours sans véritables explications. Qu'importe, il se bat pour retrouver sa paix intérieure; elle ne ferait que le gêner. Il ne va plus à son travail, ne mange et ne dort presque plus. Toujours ces images et ses schémas viennent le hanter. Pas une  minute du jour ne se passe sans que ne s'affiche dans son esprit de nouvelles visions. Il ne sait pas pourquoi il se trouve victime de ces hallucinations, mais il veut tout faire pour qu'elles cessent. Et la seule solution qu'il lui reste est donc de construire l'objet que ces cauchemars lui révèlent. Une certitude s'est gravée en lui : lorsque l'objet sera achevé, ce sera la fin de son enfer.

Alors, par n'importe quel moyen, il se procure les pièces que réclament ses visions. Il dépense l'argent du foyer, vole la nuit dans des entrepôts. Il n'a plus qu'un but : construire cette étrange sphère pour retrouver la paix. Dès lors, il n'arrive plus à s'arrêter. Il n'en revient pas. Lui qui n'a jamais été manuel, manie avec perfection outils et composants. Il trace des schémas, échafaude la structure du système principal. La fatigue ne semble plus l'attaquer, son activité est fébrile. Ses mains agissent, obéissant aux ordres des images qui hantent son esprit, mais son intelligence ne saisit rien de son travail. Que lui arrive-t-il ?

Eldrik est revenu hier le regard plein de compassion. Le remords l'a travaillé au fil des jours et il ne pouvait plus laisser son ami dans un tel état sans rien faire. Il a offert son aide mais Harnod l'a rejeté. Il a rompu le seul pont qui le rattachait à l'humanité. C'est trop tard pour lui, il ne vit plus que pour la machine. L'holovision fonctionne toute la journée. Grâce à elle, il entend le monde et sait ce qui se passe. Ce lien là lui suffit.

De nouveaux meurtres ont été perpétrés dans la capitale, mais aussi dans les cités annexes. A ce jour, toutes les cités de Kelonh ont été touchées. La planète tremble. On parle de bandes, de complot à l'échelle mondiale, mais on n'a jamais d'indice. Les enquêtes piétinent et la population tremble. Les vieux démons de l'isolationnisme se réveillent et le gouvernement féminin se fragilise. Si la situation perdure, il faudra immanquablement appeler l'aide des forces axphiliennes, et renoncer du même coup à cette indépendance qui a toujours été l'apanage de Kélonh.

La liste des victimes s'étale dans les mémos de chaque citoyen. Le nom Jessika Fengor y est apparut. Elle a succombé elle-aussi à cette vague de meurtres. La tristesse a secoué Harnod quand il a appris la sinistre nouvelle, puis la rage. Presqu'autant d'émotions l'ont assailli lorsqu'il a apprit ensuite le décès d'Eldrik. Plus que jamais, il doit terminer son travail.

La puce s'est désintégrée d'elle-même dans son corps; il est un célibataire maintenant. Soudain, un tintement fait vibrer l'holovision. Le visage d'Enia s'affiche. Elle sait et veut le consoler; maintenant qu'il est veuf, ils ont le droit, ce n'est plus un crime.

Lui, crie en voyant le visage de cette femme sans respect. Il ne veut plus la voir, il ne veut plus voir personne. Même pas sa petite fille qu'on remettra à ses grand-parents. Il est désormais seul et il veut en terminer avec son cauchemar.

Son travail s'achève le lendemain. La machine est terminée. Les visions ont cessé, mais il n'a toujours pas la paix intérieure. Maintenant que son regard est focalisé sur la cabine métallique de forme ovoïde, une voix lui ordonne de la mettre en marche.

Une vibration secoue la cabine, alors qu'il actionne le mécanisme. Elle se met à pivoter sur elle-même lentement. Un bruit de tonnerre retentit soudain. Une décharge d'énergie semblant surgir de nulle part ionise l'air en éclatant sur la machine. Prenant de la vitesse, la sphère de métal commence à émettre un étrange champ d'énergie et une lumière intense, la lumière de ses visions, vient brusquement la recouvrir. Harnod semble hypnotisé par l'objet créé de ses propres mains et se demande comment il a pu imaginer une telle chose. Mais  maintenant que va-t-il se passer ?

Il ne s'est pas rendu compte qu'une personne vient d'arriver, mais poussé par une sorte d'instinct, il se retourne, et il la voit. C'est Jessika. C'est impossible, cela ne peut être elle. Et pourtant, si. Elle lui sourit, tout en s'approchant. Harnod a un sombre pressentiment. Elle s'approche encore, regardant avec triomphe l'objet qui s'est transformé en sphère d'énergie. Alors elle décide d'ôter le masque et une créature aux formes indéfinissables apparaît.

Harnod frémit. Il ne comprend pas ce qu'il fait, il ne comprend pas la portée de son geste, mais mu par la peur ou par la folie, il se jette sur la sphère lumineuse. Il s'attend à être foudroyé, mais rien de tel ne se passe, il s'intègre dans la sphère.

Le cri du traqueur résonne dans la petite maison. Il est arrivé trop tard. Il n'a pas eu la rapidité suffisante pour empêcher le geste d'Harnod, et, alors que la bulle disparaît, il se retrouve seul avec sa malédiction.

Sa proie était introuvable. Cédant à la panique, il s'était mis à ravager les rues de Kélonh, dans l'espoir de dénicher enfin sa proie. Sans résultat. Puis il s'était rendu compte de la soudaine réceptivité d'un humain et pour l'étudier, il devint sa femme. L'humain semblait désormais son seul espoir et il amplifia au maximum sa réceptivité. Puisqu'il recevait avec autant de perfection les ondes télépathiques, le traqueur l'utiliserait comme son instrument pour reconstruire la bulle. Les plans se trouvait caché dans son propre subconscient, inaccessibles pour lui-même, mais un télépathe d'une extrême sensibilité pouvait en capter les émissions et travailler pour lui.

Maintenant, il comprend. Il comprend avec amertume que cet humain était sa proie et que, pour la première fois, il a échoué. La chasse est terminée, la bulle ne réapparaîtra plus jamais. Il est prisonnier pour toujours de cette réalité et doit s'en accommoder. Pour toujours.

Mais il ne sait pas tout. Il ne saura jamais la vérité qui faillit se révéler à lui lors de sa seule nuit avec Harnod, c'est peut-être mieux comme ça.

***

Une énergie intense lui traverse tout le corps. Son corps et son esprit sont en feu. Harnod crie sa souffrance, tandis qu'il se retrouve prisonnier de cette sphère de lumière, cette bulle. Pourquoi a-t-il commis un geste si déraisonnable ? Il ne sait pas, il ne sait plus.

Son corps devient énergie, entrant en osmose avec la bulle. Une transformation irrémédiable s'opère en lui. Sa chair se désintègre au profit d'une apparence informelle. Une nouvelle matrice s'impose à tout son être. Il mute peu à peu, sans savoir ni comment, ni pourquoi, trop préoccupé par sa propre souffrance. Il comprend les conséquences de son geste à présent, mais c'est trop tard désormais.

La douleur s'estompe, puis disparaît pour être remplacée par une douce chaleur. Un instant, il croit même entendre la voix mélodieuse d'une femme, de sa femme. Bouleversé par ce qui se produit en lui, il croit qu'il s'agit là d'une ruse, d'une tentative pour le ramener au calme. La lumière de la bulle l'embrase entièrement. Transcendé, il se sent emporté à travers les nuées galactiques. L'univers autour de lui s'agite et accélère. Mais, lui, baigné dans une rassurante quiétude, il ne ressent plus rien que cet incompréhensible sentiment d'éternité.

Combien de temps ce bonheur va-t-il durer ? Soustrait de toute réalité, le temps est devenu pour lui inquantifiable. Pourtant, son voyage va bientôt prendre fin lorsque la douleur va de nouveau l'envahir. Il apprendra plus tard que c'est à cause du transfert, de ce voyage incroyable qui le mènera de réalité en réalité, à travers l'espace et le temps. Lorsque la bulle éclate pour la première fois, il croit être enfin libre. Mais, alors qu'un visage s'affiche en lui, une voix résonne dans son esprit, lui disant où et quand il se trouve et ce qu'il doit faire.

Un chantage odieux se fait soudain à jour; s'il veut rentrer dans sa réalité, Harnod doit faire réapparaître la bulle et pour ça, il faut collecter l'essence du plus puissant télépathe de la réalité en le tuant. Seule l'énergie dégagée par cette essence pourra réactiver la bulle.

Harnod est atterré, effondré. Son être a changé et il peut manipuler à volonté son apparence, mais le prix de son retour chez lui est très cher. Après une longue lutte avec sa conscience, il sera obligé de se soumettre à la bulle.

Ce qu'il ignore, alors qu'il part pour sa première chasse, c'est qu'il n'y aura pas qu'un seul transfert, mais des milliers et que chaque transfert lui ôtera un pan de sa mémoire. Il oubliera d'abord son nom, puis les souvenirs antérieurs à sa mutation et plus tard, beaucoup plus tard, il oubliera ce pourquoi il chasse. Tout ne deviendra pour lui qu'un jeu, un sport où il excellera et il croira avoir été créé dans ce seul but. Une histoire commence et dès lors, sans savoir pourquoi, il comprend qu'il sera à jamais lié à cette sphère d'énergie. Elle sera pour lui sa seule compagne.

Un jour, la bulle le libérera. Elle aura cessé de jouer avec lui et le ramènera enfin à sa réalité. Mais elle ne lui rendra pas la mémoire et le déposera, dans un ultime caprice, un peu avant sa mutation. Alors il sera désorienté, ne comprendra pas que le jeu est fini et voudra réactiver la bulle par tous les moyens, et la boucle sera bouclée. Une transition. Cette phase sera une transition, toujours la même, se répétant à l'infini, transformant irrémédiablement un simple humain en être d'énergie. Son voyage ne cessera jamais et n'aura pour début et pour fin que cette phase, cette transition sur la lumière...

Fin ?


dimanche 5 octobre 2014

transition sur la lumière(suite)

Cette semaine de tournoi des nouvellistes se conclue sur un résultat incroyable ! Non seulement, "Transition" a passé le cap des éliminatoires, mais en plus, elle est arrivée première de son groupe.


Je voudrais vraiment remercier ici chaleureusement tous les votants. C'est une grande joie pour moi. Grâce à vous et votre soutien, la nouvelle ira en 8ème de finale. Elle sera opposée à "Croque-monsieur", une nouvelle victorieuse d'un groupe précédent que j'ai déjà eu l'occasion de lire et pour laquelle j'avais d'ailleurs voté. J'en ignore encore la date, mais j'ai hâte d'être déjà à ce nouveau challenge.


On pourra dire que j'ai vécu une semaine pleine de surprises. J'étais loin d'être donné gagnant au vu des quelques commentaires déposés sur la page du vote. "Transition" a pourtant bénéficié d'un bon démarrage, puis "Solitaire" est arrivé en force, suivi de très près par "Et in pulverem reverteris", laissant, il faut reconnaître, "Groupe de soutien pour monstres phobiques" sur place.  Au fil des jours, l'avance de "Transition" se tassait au profit de "Et in..." et de  "Solitaire", tant est si bien que j'ai longtemps cru que ces deux nouvelles formeraient le duo final. Et finalement, grosse surprise avec l'élimination de "Et in..." et l'arrivée de "Transition" devant "solitaire" ! ça c'était du suspense !


Tout au long de cette semaine, je n'ai pas cherché à répondre aux différentes critiques sur "Transition" et je ne me suis pas permis de m'exprimer sur mes concurrents. A présent, j'en saisi l'occasion.


Concernant les quelques critiques sur "Transition", j'ai pu lire que le récit était trop complexe, décousu, difficile d'approche. Semble-t-il que le style hard SF a déconcerté, ce que je peux tout à fait envisager. "Transition" a eu le mérite de ne pas laisser indifférent.

Concernant ensuite les trois nouvelles contre qui "Transition" était opposée, voici ce que je pouvais en dire :

"Groupe de soutien pour monstres phobiques" : A mon avis, c'était trop léger pour tenir le choc. Malgré un ton sympa, le récit est trop court et manque d'un vrai scénario. Le côté monstre phobique qui va en consultation n'est pas original, donc il flotte comme un parfum de déjà vu.


"Et in pulverem reverteris" :  bien que cette nouvelle ait recueilli le plus de comnentaires positifs, je reste  partagé à son sujet. Le style est là et il est maitrisé. La thématique est intéressante et propre à la réflexion. Et pourtant, j'ai plus eu l'impression de lire une dissertation avec thèse-antithèse-synthèse, que de lire un vrai récit. C'est subjectif évidemment. Après, quant à savoir si la nouvelle méritait sa place dans le duo final,   il m'est difficile de trancher. Peut-être oui pour le style et le sens de la démonstration.


"Solitaire" : peut-etre le recit le moins risqué de toute la sélection. Style efficace, action et zombies, je comprends son succès auprès des votants. Pour le reste, je ne suis pas fan par nature des récits à la première personne, mais quand c'est bien fait, ça ne me gène pas. Par contre, je suis allergique au style "j'écris comme je parle" et ici c'est le cas, les vulgarités pour faire genre y compris. Après vous allez me dire qu'un chasseur de primes ne parle pas comme Molière et vous aurez raison, donc c'est plus une affaire de gout. Côté intrigue, ça lorgne du côté Walking dead pour finir sur Koh lanta au pays des zombies. On pourra dire que la fin a le mérite d'être originale et inattendue. J'ai bien aimé le twist final. Bref, bonne continuation pour cette nouvelle.