samedi 17 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 5

Nous y sommes, ce groupe E c’était le mien et ma semaine, la semaine de tous les dangers où moi petit challenger je suis venu décrocher une qualification aux côtés du tenant du titre du tournoi !  Merci pour votre lecture et vos commentaires. Les résultats étant proclamés, il est temps de vous livrer mes quelques commentaires. 




Gastronoboat, de Céline Reinert :
J’adore le titre de cette nouvelle, je dois le reconnaître. Il faudrait même déposer la marque « Gastronoboat » parce que c’est un super concept. Je suis sûr que ça marchera le jour où on fera des croisières gastronomiques de la Terre à la Lune. Enfin faudrait-il pour autant en revenir, parce que pour cette fois-là, malheureusement, ça ne l’a pas fait. Nous suivons donc Pierre Hozier qui découvre avec ses camarades russes le vaisseau Gastronoboat après un drame qui a vu la mort de tous les touristes. Que s’est-il donc passé ? Et pourquoi ça sent si mauvais dans les couloirs ?
Je n’ai jamais été convaincu que les filles étaient très bonne en SF (ne tapez pas, pitié !), mais cette nouvelle m’a montré que les filles savent faire aussi et même avec originalité (eh oui !). Avec un petit côté « policier » (je mets des guillemets, ce n’est pas à proprement parler une enquête) servi par un style à la première personne relâché mais pas trop, Gastronoboat a tout pour plaire. La nouvelle est cependant un peu trop courte et l’explication de la mort des passagers, m’a laissé sur ma faim, si je peux me permettre ce jeu de mot. Au final, une nouvelle quand même bien sympa.   

On the rock, de Françoise Vedrenne :
Un labyrinthe de glace ? Une épreuve imposée par une mystérieuse « communauté » ? Et cette fille qui cherche une bouteille de Whisky pour sauver son frère, comment elle est arrivé là ? Et pourquoi une bouteille d’ailleurs ? Voilà un début bien énigmatique, je dois vous l’avouer.
Il fait très froid dans « On the rock », même très très froid, si bien qu’on se demande si l’héroïne ne va pas finir congelée. J’ai beaucoup aimé la première moitié du récit. J’ai trouvé que le suspense était là. Les informations viennent progressivement au lecteur de façon à relancer toujours l’intérêt. C’est quelque chose que je ne sais pas vraiment faire et j’ai donc apprécié la leçon d’écriture. J’ai aussi trouvé astucieuse l’idée d’utiliser le sang de la blessure à la main du personnage comme un fil d’Ariane. La moitié du récit est donc plutôt réussie voire palpitante.. jusqu’au moment où l’héroïne retrouve la bouteille de whisky. A mon avis, c’est un peu là que tout se gâte. D’abord, déjà, pourquoi une bouteille de whisky comme item ? Je n’ai pas compris en quoi ça pouvait sauver son frère. Pourquoi d’ailleurs une rente à vie de 4 bouteilles pour récompenser la victoire de l’héroïne ? J’avoue être intrigué sur cette affaire. Dans ce monde (lequel au fait ?) régi par cette communauté (dont on ne saura rien), l’alcool est-il assimilé à de la nourriture ? à une monnaie d’échange ? A l’instar d’un 1984 ou d’un THX 1138, cherche-t-on à tout prix à rendre la population dépendante de l’alcool pour mieux la contrôler en organisant la rareté du produit (ça y ressemble en tout cas) ? l’enjeu central manque de clarté, je crois. Et forcément, pour moi, ça anéantit tout ce qui pourtant avait été si bien installé sur la moitié du récit. Du coup, j’ai achevé la lecture de cette nouvelle sur un sentiment mitigé.

La 8ème règle, d’Erik Vaussey  :
La nouvelle que tout le monde attendait est là ! Erik Vaussey revient et remet son titre en jeu. D’entrée, bravo pour cette grande sportivité. Au moment où j’écris, cette nouvelle est d’ailleurs, bien partie pour terminer première de son groupe, je ne me fais pas de souci pour la suite. Irons-nous vers une nouvelle victoire ? Le chemin est encore long pour le savoir, mais on peut dire sans risque que le récit ira loin. Mais venons-en au fait :
Le début établit un parallèle entre une femme débarquant de son avion et deux extra-terrestres de leur vaisseau sur la même piste d’atterrissage. C’est que ces fameux extra-terrestres venus tout droit de la planète Born (les Bornites, donc), coexistent avec notre espace et y déambulent à la manière de fantômes (ou hologramme, c’est selon). C’est un peu étrange comme situation, d’ailleurs et le récit sait en jouer et retranscrit bien les impressions des Bornites face à leur condition de fantômes. Ça m’a fait repenser à un épisode de Star Trek Next Generation ou des personnages se pensent morts et errent dans le vaisseau, en réalité, ils sont bloqués dans un espace qui coexiste avec celui de l’Enterprise. J’avais d’ailleurs bien aimé cet épisode. Ce thème est fort bien exploité dans ce récit.

Quand j’ai lu le titre et commencé à lire, je me suis dit : ok, il doit tenir une super idée pour sa 8ème règle, mais qu’en sera-t-il des 7 premières ? C’est que ça fait beaucoup de règles à inventer… (ça s’est l’auteur en moi qui pense). Eh bien, bonne surprise, les règles sont bien trouvées. Elles se suivent naturellement, sans être renversantes, elles paraissent logiques avec la situation. Elles recèlent des bonnes trouvailles et renouvellent  le thème du fantôme.
J’ai beaucoup aimé suivre en parallèle l’histoire plutôt fraîche et plaisante des deux touristes Bornites et celle beaucoup plus sombre de Sandra. Ces deux histoires qui a priori n’avaient rien à voir, se rejoignent de la plus surprenante des façons. L’histoire du petit Julien est touchante et on espère qu’il va s’en sortir. Concernant l’intervention de Glon. D’aucuns trouveront que c’était un peu attendu, mais moi j’étais plutôt satisfait et content de ce rebondissement. Mais ce qui est vraiment intéressant c’est que l’histoire ne s’arrête pas là (on aurait pu le penser). En effet, et c’est original, Julien grandit avec son « ami imaginaire » dont finalement il aura conscience, allant même jusqu’à révéler son existence au monde entier en publiant un livre.

Quelques petites remarques tout de même :

-          Sur le plan de la forme, j’ai trouvé que le texte ne marquait pas assez le passage entre les paragraphes Humain et Bornites. J’aurais aimé une distinction plus nette (des astérisques peut-être à chaque changement de point de vue.)

-          Il est vrai que parfois TOUT expliquer n’est pas utile, il faut faire travailler l’imagination du lecteur, mais quand même, des fois c’est bien aussi. Toujours est-il que j’ai trouvé que le récit passait un peu trop rapidement, voire carrément évitait de nous parler de la façon dont Julien perçoit son hote Bornite.

-          Concernant la fin, je suis un peu partagé. L’épilogue avec le journal télé était-il si utile que ça ? N’aurions-nous pas eu une fin plus efficace en s’arrêtant à la 8ème règle amendée ? Je me pose la question.

-          Sur la rédaction définitive de la 8ème règle, je m’interroge sur l’identité de son rédacteur. Suite à son humiliation, Julien réécrit la fameuse règle, mais il écrit :  « Les humains ne veulent pas prendre conscience de NOTRE existence ». ? N’aurait-il pas dû plutôt écrire « de LEUR existence » ? Est-ce que ça veut dire que Glon occupe l’esprit de Julien plus qu’il ne coexiste avec lui (et donc qu’il l’a phagocyté en quelque sorte ?). La fin peut le laisser penser.

Ces quelques remarques mises à part, j’ai passé un fort beau moment de lecture avec cette « 8ème règle » où humour, drame et émotion sont au rendez-vous.

Voilà c’était les nouvelles qui étaient opposées à « Full Access ». Un grand merci pour vos votes et votre soutien. Ma nouvelle reviendra donc dans la compétition le 12 décembre et à l'heure actuelle, je ne connais pas encore mon futur concurrent. Suspense donc !!


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