J’ai
pu lire dans différents commentaires sur Facebook, que ce groupe était le
« groupe de la mort », sous-entendu qu’étaient rassemblées là les
nouvelles qui avaient été le mieux classée par le jury. Très bien, c’est avec
cette idée en tête que j’ai donc abordé cette nouvelle semaine. Verdict !!
Peine de mort, de JC Gapdy :
Peut-être
ici l’une des plus originale nouvelle du tournoi. Le récit ne commence pourtant
pas très bien à mon sens. La partie
« humaine » avec la scène du condamné m’est apparut un peu faible. Le
condamné me semble avoir un comportement et des pensées bien trop relâchés en
regard des actes qu’il a commis. L’approche de l’exécution ne l’affecte pas
plus que ça. Bien-sûr, il y a une explication à cela et elle est cohérente,
mais ça rend tout de même l’accroche de l’histoire peu crédible. La partie
« non humaine », elle est très surprenante. Nous nous retrouvons dans
un autre monde avec une autre espèce style gros insecte. Beaucoup de
vocabulaire propre aux corps des insectes viennent surcharger le texte. C’est
certes nécessaire et cela sert le récit, mais parfois on aurait pu se contenter
d’une description plus accessible. Du coup ce côté « je sors tout mon
champ lexical sur le sujet » un peu trop technique peut apparaître
rebutant. Je regrette un élément dans cette nouvelle, ou plutôt son
absence : l’histoire !
Après
une scène d’exposition, le personnage réintègre son corps et s’ensuit un déluge
d’explications sur le pourquoi du comment. Oui, c’est (très) original, oui
c’est intéressant, non ce n’est pas ennuyeux, mais l’auteur ne fait que nous
poser un décor avec un contexte, il a juste oublié de raconter aussi une
histoire. Quant à la leçon de moral finale comme quoi les humains n’ont pas
d’avenir, que notre propension à nous auto-détruire, et tout ça tout ça, c’est
un peu trop rebattu. Malgré toutes ces remarques, la nouvelle reste tout de
même intéressante.
Une femme du quai une nuit
avait sauté, de Laurène Barbaux :
Voilà
un récit qui je dois le reconnaître ne m’a pas du tout emporté. Cela vient sans
doute de l’histoire, soit celle d’un taggeur qui tagge un bateau blanc et dont
les tags prennent vie. Le tout avec une écriture qui se veut poétique, voire
onirique, qui m’a laissé un peu à côté. Cela vient peut-être du fait que je
dirais que je ne suis pas le cœur de cible de cette nouvelle, le tag étant pour
moi plus de la dégradation que de l’art. Quant aux peintures qui prennent vie,
oui, c’est sympa, mais c’est a peu près tout ce que ça m’évoque. Donc en
résumé, une nouvelle bien ficelée, pas trop mal écrite qui se lit bien, mais
sans plus.
Tristelia et Yseriope , de Eloïse de Valsombre :
Je
me souviens lors du précédent tournoi d’une nouvelle d’Eloïse de Valsombre,
d’autant mieux que ma nouvelle « Transition sur la lumière » était
opposée à la sienne pendant les éliminatoires. J’avais à l’époque reproché à
cette nouvelle un côté trop « dissertation ». Elle revient donc cette
année avec une nouvelle plutôt originale à propos d’une histoire d’amour
«contrariée ». Dans cette nouvelle, j’ai apprécié l’idée de la fille dans
son délire qui va délivrer son bien-aimé… du moins, le croit-elle. Ce thème est
bien exploité et on entre vraiment bien dans la folie de la fille (au nom
impossible, comme celui de son « bien-aimé » d’ailleurs). La
construction de l’intrigue, soit première partie avec le point de vue de
Tristelia, et la deuxième partie avec le point de vue d’Yseriope sert
parfaitement le récit.
Quelques
remarques cependant :
-
Il y a une expression que je déteste, mais elle a le mérite de résumer
en deux mots tout un concept, c’est la
fameuse histoire du « show »
et du « tell ». Le « show » est toujours préféré au
« tell » parce qu’il apparaît plus immersif de vivre en direct le
récit et que d’en lire une version rapportée à la hache. Eh bien, toute la
première partie, soit celle de Tristelia, m’a paru très « tell », ce
qui m’a empêché de rentrer vraiment dedans. Ce n’est qu’avec la deuxième partie
qui est vraiment « show » que j’ai accroché.
-
Je crois que j’ai un problème avec le style d’Eloïse, (vu que c’est la
deuxième nouvelle que je lis d’elle), c’est que je le trouve trop ampoulé, ici
avec la folie du personnage, on attend des sommets dans le coté fifille. Mais
ce n’est que mon ressenti.
-
La fin m’est apparue trop abrupte. J’étais surpris de voir que ça
s’arrêtait aussi vite après une très longue mise en place (et même temps, ça
pouvait difficilement tourner autrement).
La fièvre de mort, de Richard Mesplède :
J’aime
beaucoup les boucles temporelles. Et ici j’ai été comblé. L’entrée en matière
peut paraitre certes un peu longue mais l’arrivée dans la ville abandonnée est pour
moi juste parfaite. L’unique personnage de l’histoire est bien décrit, bien
défini avec un contexte cohérent. J’ai été véritablement emporté par l’écriture
et l’histoire et j’ai aimé explorer cette étrange ville du far west hors du
temps. Il y aurait sans doute matière à d’avantage de développement. Une boucle
temporelle, comme j’en parlais au début du paragraphe n’est jamais simple à
créer, il faut penser aux implications diverses. L’auteur ici en prenant un seul
personnage et en se situant dans un seul lieu a restreint l’enjeu et s’est
placé dans une zone de confort par rapport à tous les facteurs de probabilité,
n’empêche que sa boucle fonctionne. Le récit m’a amené quelques interrogations :
-
on aurait pu imaginer que le personnage après s’être reconnu, tente de
modifier le cours du temps. Est-ce que cela aurait pu être possible ? Il y
a un coté « destin inexorable » dans le récit qui pourrait faire
penser que non.
-
Une explication sur le déplacement temporel aurait-elle été opportune ?
Pas facile à envisager, à force de vouloir tout expliquer (comme j’ai toujours
tendance à le faire) on casse parfois la magie du récit.
-
Est-ce que la ville est hors du temps ou est-ce que l’héroine s’est
déplacée dans le passé ? (et dans ce cas là, comment ? le texte ne
dit rien de tout cela.)
-
Pourquoi la ville est-elle déserte ?
Quelques
questions qui viennent à la lecture de ce récit passionnant.
Voilà
ce que je pouvais dire sur les nouvelles en compétition cette semaine. Me
concernant, le bilan est plutôt mitigé sur le coté « groupe de la mort ».
La
semaine prochaine c’est déjà la dernière semaine d’éliminatoire, le temps passe
très vite ! Bientôt une nouvelle phase de tournoi va s’ouvrir. A la
prochaine pour une dernière volée de commentaires.
Bonjour,
RépondreSupprimer.
Je découvre, un peu par hasard et tardivement, votre blog et cette page sur le tournoi des nouvellistes au sein de « Nouveau Monde ». Je peux y lire un point de vue critique (et surtout constructif) sur les nouvelles en lice dont la mienne « Peine de Mort ».
Je me permets de vous en faire, à mon tour, un « retour ». Retour qui confirme, je pense, ce que vous écrivez.
À savoir, tout d’abord, que l’histoire manque cruellement dans cette nouvelle trop « descriptive » (je l’ai entièrement réécrite depuis).
Ensuite par la charge trop importante de vocabulaire qui alourdit la lecture. Mes dernières nouvelles, présentées dans les duels de l’arène cette fois-ci, telles que « Substitution » (en lice pour la semaine du 14/12/15) et « Survivance » (en lice pour cette semaine du 21/12/15) disposent d’un vocabulaire légèrement plus réduit (sans doute pas assez) mais répétitif. Ce vocabulaire se retrouve identique dans chaque nouvelle et représente un seul et unique univers (que j’essaie de construire). Il est donc complexe à la première lecture mais s’absorbe plus facilement à la nouvelle suivante et reste constant dans celles qui suivront (si jamais je participais à d’autres duels). Ce n’est pas parfait, mais un peu mieux.
.
Concernant la scène sur Terre, elle avait pour but de mettre, volontairement, en scène un « humain » déshumanisé. En partie réussi.
En tous les cas, merci de votre billet. Si jamais un billet apparaissait sur les nouvelles en duel ces semaines-ci, je serais ravi de le lire de la même manière.
Merci et bravo pour votre blog.
JC Gapdy.