C’est au tour du groupe B de
passer dans l’arène et déjà je suis en retard dans mes commentaires. Bon, allez
pas de temps à perdre. Aussitôt dit, aussitôt lu. C'est donc le moment de faire une petite revue de détail.
Née de la glaise, d'Erika Fioravanti :
Voici une nouvelle qui m’a
surpris à plus d’un titre et qui m’a emmené dans une introspection théologique
(si, si). En effet, nous sommes à l’aube des temps, juste avant la faute
originelle en compagnie d’Adam et Eve. La genèse biblique, rien que ça. Sauf qu’ici,
nous suivons la chute du point de vue d’Eve. Voilà un point de vue que je
concède être original. Style personnel maîtrisé avec un ensemble très bien
écrit et fluide à la lecture, c’est de l’excellent travail. On sent aussi un
bon travail de documentation puisque ici on respecte à la lettre la progression
du texte biblique de Genèse chap. 3, sans oublier l’allusion à la tradition
kabbalistique avec Lilith. Après, concernant le fond, j’avoue que ça m’a laissé
un peu songeur. Adam parait quand même ici bien bêta et relégué en arrière-plan.
Eve, quant à elle, se pose beaucoup de questions et entretient des
raisonnements peut-être un peu trop élevés par rapport à un Adam effacé et même
plus loin assez timoré. En ça, cette Eve-là m’est apparue trop contemporaine
dans ses paroles et dans ses pensées, trop frondeuse aussi. Dans le texte
biblique en effet (puisque cette relecture de la Genèse pousse par nature à la
comparaison), Eve ne réplique jamais et suit Adam sans discuter. Ici, on a une
Ève très remontée contre Dieu qui prend même le dessus au niveau du dialogue sur
ce dernier. Pour faire court, j’ai parfois eu l’impression que l’auteur confondait
Eve avec Lilith et j’ai trouvé ses discours face à Dieu excessifs dans sa
révolte, tout comme le « stupides créatures » de Dieu qui détonne trop.
La fin est un plaidoyer pour la liberté individuelle sans Dieu. Un discours auquel
on peut adhérer, mais qui me semble dépasser le personnage d’Eve, J’ai plutôt
eu l’impression que c’était l’auteure qui réglait ses comptes et nous livrait
tout son venin. Ceci étant, cette nouvelle aura au moins eu le mérite de me
faire relire la Génèse et de me faire réfléchir sur le sujet, ce qui est déjà pas mal.
Philippus, de Rachel Fleurotte :
J’ai déjà souvent vu ce type
d’histoire : une « bète » vient tuer les enfants/parent/femme
d’un personnage et celui-ci part se venger. C’est en soit un grand classique.
Cependant, je dois reconnaître que je n’avais jamais lu ce type d’histoire au
temps des romains. L’époque dépeinte est ici plutôt bien rendue avec les mythes
et les croyances qui y sont attachés. Encore une fois (et c’est quand même la
tendance lourde de ce tournoi), le style est bon. Malgré un scénario
prévisible, j’ai lu avec intérêt tout le récit, impatient d’en connaître
l’issue. Et hélas je suis resté sur ma faim quant à la chute. Philippus vainc (désolé
pour le spoiler) la stryge grâce à un pouvoir sortit de nulle part comme par
miracle. Même si l’auteur instille l’idée au cours du récit. On ne peut
s’empêcher de se poser pleins de question : d’où ça vient ?
Pourquoi là maintenant dans l’histoire ? Et pourquoi Philippus
justement ? En somme, c’est un magnifique Deus ex Machina des familles. Et
là, je dis, dommage.
Le contrepoids, d'Alex Evans :
Nous voici maintenant dans ce qui
pourrait être l’Egypte pharaonique ou l’empire babylonien, voire assyrien. Même
si l’époque ou le pays ne sont pas nommés, je me suis senti en pleine antiquité,
ce qui semble être d’ailleurs le fil rouge de ce groupe. Ça tombe bien, j’aime
l’antiquité. Le contrepoids est à premier abord une nouvelle très courte. J’ai pourtant
au départ regretté un début longuet. C’est loin d’être laborieux,
mais j’avais l’impression que l’on s’attardait un peu trop sur les splendeurs
et qualités attribuées au despote. Vu le nombre de pages de la nouvelle, j’ai
craint que l’histoire termine avant même de vraiment commencer. Mais je me suis
aperçu que ce début n’était présent que pour mieux servir la fin et renforcer
son impact. Car, oui, à l’instar de nombre de nouvelles du maitre Asimov, le
contrepoids ne fonctionne et n’est compréhensible qu’à la lumière de son twist
final. Évidemment il faut que ce twist soit bon et efficace sous peine de faire sombrer toute la nouvelle. En ce qui me concerne, j’ai été plutôt convaincu par
ce twist. En conclusion, voilà donc une nouvelle fort sympathique.
La marque du gibier, de Philippe Grabt :
Comme je l’ai dit plus haut, l’antiquité
semble être le thème de cette sélection. Voici donc cette fois une adaptation
contemporaine d’un mythe décrit dans les récits de Tacite. D’entrée de jeu, je
salue la culture de l’auteur qui a su nous faire partager une histoire méconnue
(en tout cas de moi). Ceci étant dit, je dois reconnaitre que je n’ai pas
accroché au début du récit. Voir un futur marié éméché le soir de son
enterrement de garçon m’a tout de suite fait penser qu’on allait avoir droit à
une série de délires qui au final s’avéreraient être le rêve ou le cauchemar du
personnage. Ça m’a faisait un peu rappeler certains épisodes de séries télé que
je regardais dans les années 70-80 où finalement on apprenait à la fin qu’il
s’agissait en fait d’un rêve et que donc rien ne s’était passé. Malgré moi, ça
m’a mis dans une position où j’attendais le moment où le personnage se
réveille. Ce qui m’a pourtant tiré de cet a priori, c’est tout t’abord que le
récit mène bien son suspense avec une vraie progression dramatique, puis j’ai
aimé tout ce qui concernait Tacite parce que ça apportait un vernis culturel.
Enfin, je dois avouer que le doute distillé à la fin m’a bien plu. J’ai aimé me
demander si l’aventure avait été réelle ou imaginaire. Par contre, trois remarques pour la fin :
- Fabien porte une marque qui fait
de lui la cible de la malédiction. Très bien. La chatte épargne Fabien parce que
Maeva a fait une fausse couche et que donc la mort de Fabien briserait la
lignée. Certes. Mais j’ai été surpris que la solution de Fabien pour se libérer
de la malédiction soit juste de s’effacer la marque. Ça m’a parut trop facile
et peu « couteux » pour le personnage (un tour chez le dermato et
hop). S’empêcher par contre d’avoir un enfant, aurait été à mon sens un choix
beaucoup plus terrible qui hanterait à vie Fabien.
- Le coup de l’annonce à la radio
est excellent, mais arrive pour moi après de longues et dispensables
explications sur le retour de Fabien chez lui. Ça perd peut-être un peu en efficacité.
J’aurais, je pense, passé directement à l’autoradio après que le personnage
décide de rentrer chez lui pour prendre une douche.
Voilà, tout ce que je pouvais
dire pour cette semaine 2. Encore une fois, je vous invite à faire votre propre
avis en lisant les nouvelles sélectionnées et surtout ensuite d’aller VOTER
pour vos préférées. A la prochaine !
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