samedi 25 avril 2015

Première chronique



Quelqu'un m'a dit il y a quelque temps lorsque je commençais ce blog qu'il était de bon ton de parler des livres qu'on apprécie afin que le visiteur (éventuel) du blog puisse se faire une idée de mes gouts. C'était une excellente idée que j'avais mise dans un coin de ma tête. Aujourd'hui, le temps est enfin venu de faire une première chronique. Je n'ai pas choisi la facilité puisque je vais m'attaquer aujourd'hui à  Ilium de Dan Simmons.





Dan Simmons est et restera célèbre pour son œuvre phare « le Cantos d’Hyperion », une œuvre de science-fiction intelligente et foisonnante, un « livre-univers » à l'équivalent de Dune ou du Seigneur des Anneaux. Dan Simmons, c’est aussi un auteur aux talents multiples qui sait passer d’un genre à l’autre ou d’un style à l’autre. Il le prouve avec maîtrise dans un livre paru en 2003, j’ai nommé Ilium.

D’entrée de jeu, le titre exige une explication. Ilium c’est le nom de la ville de Troie, la ville mythique où se déroule la fameuse guerre contée dans « l’Iliade » par Homère. Voilà donc que Simmons va verser dans la mythologie et nous donner sa version de la guerre de Troie. Ironie du sort, le livre est sorti quasiment en même temps que « Troie », au passage  l’un des films les plus mauvais sur le sujet, ce qui pourrait nous faire croire à une relation. Rassurez-vous la relation s’arrête à la ville en question.

Malgré son sujet mythologique, Ilium est contre toute attente un lire de science-fiction. Alors comment Simmons s’y prend-t-il ? Il adopte un point de vue inédit, comme lui seul pouvait l’imaginer, inédit et même assez déconcertant au début. En effet, voilà qu’un historien du XXème siècle a été ressuscité par les dieux de l’Olympe pour surveiller le bon déroulement de la guerre de Troie  par rapport à l’œuvre d’Homère. Déjà rien que le propos, on est perdu dans nos repères chronologiques. D’autant que les « dieux » en question vivent sur Mars dans un lointain futur et interagissent sur la guerre de Troie (celle de la mythologie) à coups de technologie quantique. L’historien (ou scholiaste) a été doté de tout un arsenal et de la capacité de morphing pour se glisser à l’insu des combattants pour mieux les observer. Ce n’est pas un super-héros, juste un ancien prof d’université un peu bedonnant et voilà qu’une déesse en personne lui donne la mission d’en tuer une autre, le dotant d’un casque d’invisibilité. L’historien va d’abord obéir puis va se rebeller contre les dieux dont le seul plaisirs semblent de manipuler les individus. Il réussira à soulever les troyens et les athéniens contre les dieux eux-mêmes.

Résumer ainsi Ilium est en soit très réducteur. En me concentrant sur l’histoire centrale de l’historien, je suis passé volontairement à côté de deux autres histoires, tout aussi importantes. Celles-ci évoluent en parallèle et, a priori, n’ont aucun rapport avec la guerre de Troie. L’une d’elle dépeint une société terrienne décadente réduite à un millier d’individus. C’est une société ignorante de son passé, complètement encadrée par des robots. Un groupe de personnages s’y dégagent et se lancent dans une quête de leur origine. On ira de découverte en découverte jusqu'à la révélation finale.  La dernière histoire parallèle est tout aussi surprenante puisqu’il s’agit cette fois de robots dotés d’intelligence artificielle venant de Jupiter et qui sont envoyé sur Mars pour enquêter sur les troubles quantiques qui émanent de la planète et menacent le système solaire.

Trois histoires qui n’ont a priori rien en commun et qui sont menées de front par Simmons avec un réglage d’horlogerie (l’ordre de lecture « guerre de Troie, quête des derniers terriens, robots de Jupiter » est respecté tout le long du livre et ne verra des exceptions que dans les dernières pages). Scénaristiquement différentes, ces histoires parallèles le sont aussi sur le plan stylistique. En effet, la partie de l’historien est toujours écrite au style direct au présent (c’est l’historien qui raconte ce qu’il voit et avec ces mots, ce qui permet un peu d’humour et quelques familiarités) tandis que les autres parties sont écrites dans un style plus travaillé, au passé et au style indirect. La grande qualité du livre est de nous rendre attachant tous ces personnages très différents. Revers de la médaille, il faut parfois s’accrocher un peu pour ne pas perdre le fil. La relation entre les trois histoires n’apparaît en effet que très (trop ?) tardivement, c’est à dire dans les 50 dernières pages (sur un peu plus de 600). Tout le long de la lecture, on est contraint d’ébaucher des théories pour comprendre le pourquoi et le comment de telle histoire. C’est en ça que le livre peut apparaître déconcertant. Simmons nous mène de la guerre de Troie à l’orbite de Jupiter en repassant par les derniers terriens avec une facilité incroyable… et il faut savoir le suivre !

Difficile de résumer un livre aussi énorme en quelques lignes vous l’aurez compris. Ilium est souvent surprenant et nécessite de ne pas en perdre une miette, mais il vaut vraiment le coup et il est tout simplement passionnant. Ce livre a eu une suite en 2006 intitulée Olympos. J’y reviendrais un autre jour.

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